Une Femme-ille à l'iranienne

Publié le par Clara

Une Femme-ille à l'iranienne

A peine sortis d'Isfahan, nous retrouvons le joyeux cortège de klaxons qui accompagne notre traversée d'Iran. Parfois fatiguant, notamment pour le bras de Yohann souvent levé, nous savons dors et déjà que nous allons regretter cette bonne humeur sonore à peine sortis du pays. Cette fois-ci, je suis la cible de cette 405 noire déjà aperçue une fois dans mon rétro. La voiture roule à faible allure, se place ainsi à ma hauteur, la vitre est déjà baissée laissant apparaître une jeune femme au visage radieux, aux grands yeux et aux lèvres pleines. Après une discussion quelque peu haletante en ce qui me concerne, nous décidons d'un commun accord de faire une halte sur le bas côté.

Encore une Feutémé ! Et son Mari s'appelle Mahdi (prononcez le « h »). Ils sont tous les deux âgés de 3O ans et elle se débrouille bien en anglais. Le contact est facile et la conversation est fluide. Ils seraient honorés que l'on accepte de venir chez sa belle-famille. Nous nous regardons du coin de l’œil avec Yohann, s'agit-il de ta'arof ? Nous attendons tout sourire que l'invitation se réitère plusieurs fois avant d'y croire et d'accepter. Le village est tout proche, rendez-vous à la mosquée que l'on aperçoit au loin.

Quelques coups de pédales et nous voilà à nouveau dans un logis iranien, nous commençons à connaître le rituel. Nous nous installons à la meilleure place réservée aux invités, bien calés entre les coussins, nous nous mettons à l'aise jambes tendues, nous acceptons cordialement les fruits qui nous sont offerts tout en sirotant notre tasse de thé. La discussion va bon train, Feutémé est pleine d'enthousiasme et de curiosité. C'est incroyable la facilité avec laquelle on peut créer certains liens, comme si on connaissait déjà cette personne dans une autre vie. Ce sera dur pour moi de repartir...

Une Femme-ille à l'iranienne
Déjeuner chez la Belle-mère de FeutéméDéjeuner chez la Belle-mère de FeutéméDéjeuner chez la Belle-mère de Feutémé

Déjeuner chez la Belle-mère de Feutémé

Le petit Hussein qui nous a bien fait rire avec son charisme à toute épreuve.

Le petit Hussein qui nous a bien fait rire avec son charisme à toute épreuve.

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Une Femme-ille à l'iranienne
Une Femme-ille à l'iranienne

Nos deux jeunes tourtereaux nous expliquent qu'ils ne vivent pas encore ensemble malgré leur mariage. Après cette première cérémonie dont j'ai pu voir quelques vidéos et photos, Mahdi doit désormais construire leur future maison et Feutémé s'occuper d'acheter toutes les fournitures intérieures (sa dot, qu'elle m'a aussi consciencieusement montrée). Dans quelques mois quand leur petit nid sera prêt, ils organiseront une deuxième cérémonie qui légitimera leur couple. Avant cela, ils vivent chacun chez leurs parents. Nous sommes donc embarqués dans la famille de Feutémé, tandis que Mahdi part travailler.

Ils sont tous deux issus d'une grande famille, chacun petit dernier d'une ribambelle d'enfants (une dizaine environ). Il est donc parfois arrivé que leur mère soit enceinte en même temps que leur sœur aînée et que sa propre belle-mère. Quand Feutémé est née, elle était déjà Tata d'un paquet de neveux et nièces plus âgés qu'elle. Dans ce petit village, la large famille est bien regroupée tout autour de la maison des parents. Hébergés chez ses derniers, nous allons être présentés à l'ensemble de la fratrie, vous comprendrez qu'il nous aura fallu rester plusieurs jours.

Nous sommes tous regroupés autour d'une table qui fait aussi office de chauffage. On fourre nos pieds sous la couette et on apprécie la chaleur !

Nous sommes tous regroupés autour d'une table qui fait aussi office de chauffage. On fourre nos pieds sous la couette et on apprécie la chaleur !

S'ensuivra donc les bons p'tits plats cuisinés par les sœurs de Feutémé : Batoulé et Mariam, précédés par les fruits et les graines à grignoter (pistaches, pois chiches, riz soufflé, blé soufflé, type "Smacks" et les fameuses graines de tournesols...). Et des heures et des heures de discussion animées. La plupart du temps à la maison, nous sommes donc entourés majoritairement par des femmes et des enfants. A mon plus grand plaisir, les yeux pétillent, les langues se délient, les questions fusent et les fous rires éclatent ! Grâce à notre traductrice anglo-farci, nous pouvons aborder n'importe quel sujet sans trop d'erreurs de compréhension. Je vois l'envers du décor de ces femmes drapées dans leur tchador. Je leur montre nos vidéos à vélo, les clé USB fusent de tous les côtés, elles veulent à tous prix en garder une copie ! Nous partons en balade dans le village, les poches bourrées de graines de tournesol. Elles nous emmènent voir un ancien minaret tassées à 8 dans une voiture (qui l'eût cru ?) et Yohann nous précédant en moto conduit par Massoud. Un crochet au centre équestre, réservé aux riches d'Esfahan, où elles n'avaient encore jamais mis les pieds.Les chevaux ont belle allure et Milan, le plus jeune fils de Mariam, nous faits une remarquable démonstration de trot enlevé pieds à terre.

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C'est pas tous les jours qu'un couple de français voyageant à vélo met le pied à terre dans ce coin, alors les gens se déplacent pour venir nous voir de leurs propres yeux et tester leur anglais. Nous faisons notamment la connaissance de deux de ses amies étudiantes en tourisme. Nous passerons une soirée dans la famille de l'une d'entre elle. Elles nous prépareront un plat local de riz et de poulet (Tahchin), dont vous retrouverez la recette dans la rubrique "Savourer".

Nous avons la chance d'assister à une petite cérémonie chez l'oncle d'à côté, car ils viennent tout juste de terminer un tapis persan. Elles étaient trois femmes côte à côte jouant rapidement de leurs doigts durant 7 mois environ. Tandis que Yohann filme la soirée, je me mêle à la famille et armée d'un couteau, je coupe moi aussi quelques fils de coton qui retenaient le tapis à sa toile. Une fois le tapis libéré, nous nous agenouillons tous dessous et formulons des vœux. "Fais le vœu que mon amie trouve un bon mari !" me lance Feutémé d'un regard rieur. Le propriétaire de la maisonnée nous honorera d'un danse traditionnelle agitant en rythme ses mains et alternant avec des mouvements de bassin bien cadencés. Pour notre part, nous nous occuperons d'honorer le plateau de pâtisseries circulant parmi les hôtes.

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Je commence enfin à égrainer mes boucles d''oreilles emmenées pour être offertes. Je m'amuse à deviner lesquelles conviendraient le mieux à chacune, et si je peux me permettre, je fais un sans fautes ! Je repartirai moi aussi les sacoches bien garnies, mais surtout le cœur empli d'une joie immense.

Publié dans Iran

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